Comme chaque soir, j’endors mon bébé en lui fredonnant des comptines pour enfants (souvent en changeant les mots tout droit sortis de mon imagination). Et c’est en tentant de me remémorer les paroles que je me suis rendu compte que ces comptines ne sont pas si anodines qu’elles n’y paraissent …
Démonstration avec 7 comptines incontournables !
Alouette, gentille alouette
Avec cette chanson, nous éduquons nos enfants pour qu’ils deviennent des sadiques ! La pauvre « Alouette », la gentille Alouette que l’on plume de la tête aux pattes.
« Alouette, gentille alouette
Alouette, je te plumerai.
Je te plumerai la tête
Je te plumerai la tête
Et la tête ! Et la tête !
Alouette, Alouette !
Ah !
[…]
Je te plumerai le bec.
Je te plumerai les yeux.
Je te plumerai le cou.
Je te plumerai les ailes.
Je te plumerai les pattes.
Je te plumerai la queue.
Je te plumerai le dos.
Etc. »
N’y aurait-il pas un vent de perversion dans cette chanson ?
T’as raison mon bébé, maltraite la gueule de ce sympathique oiseau, la vie d’aujourd’hui veut que ce soit chacun pour soi mais surtout en écrasant les personnes les plus gentilles …
Une souris verte
Celle-là dira rien si on la trempe dans l’huile …
Nous continuons avec « La souris verte », une comptine bien sadique !
Une souris verte, déjà, va falloir arrêter les pétards, mais en plus que l’on trempe dans l’eau et dans l’huile pour qu’elle devienne un escargot tout chaud (resservez ces messieurs en Extasy siou plé!) ça frise la chanson psychédélique.
Le summum, la souris qui finit dans ton calebard pour y déposer trois petites crottes, et là la Bardot, elle dénonce pas l’acte de zoophilie ?
« Une souris verte
Qui courait dans l’herbe
Je l’attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs
Ces messieurs me disent :
Trempez-la dans l’huile,
Trempez-la dans l’eau,
Ça fera un escargot
Tout chaud.
Je la mets dans un tiroir
Elle me dit qu’il fait trop noir
Je la mets dans mon chapeau,
Elle me dit qu’il fait trop chaud
Je la mets dans ma culotte,
Elle me fait trois petites crottes. … »
Bon il paraît que la souris verte était, en fait, un officier vendéen capturé par un soldat républicain, qui rapporte son prisonnier à ses supérieurs afin de le torturer puis de lui donner la mort Gloups, plutôt sympatoche la comptine.
Il était un petit navire
Y’a plus de crème au choco alors on bouffe le mousse!
Dans les comptines enfantines, celle-ci « Il était un petit navire » évoque carrément le cannibalisme.
Un pauvre petit mousse sur un bateau en pleine mer doit être mangé par le reste de l’équipage qui manque de vivres. Il perd à la courte paille et tous ses potes cherchent la façon dont ils vont bien pouvoir le bouffer.
« Il était un petit navire
Qui n’avait ja- ja- jamais navigué
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots
On tira à la courte paille,
Pour savoir qui, qui, qui serait mangé,
Ohé ! Ohé !
Le sort tomba sur le plus jeune,
Le mousse qui, qui, qui s’mit à pleurer
Ohé ! Ohé !
On cherche alors à quelle sauce,
Le pauvre enfant, -fant, -fant sera mangé,
Ohé ! Ohé !
L’un voulait qu’on le mît à frire,
L’autre voulait, -lait, -lait le fricasser,
Ohé ! Ohé ! … »
Chouette non ? Le gamin doit se faire becter par ses aînés (elle est où la confiance envers les adultes).
Bon, il finit par prier pour que la vierge lui vienne en aide et c’est ce qu’elle fait en lui balançant des poissons dans le bateau… Ouf, on a failli croiser Hannibal !
La mère Michel
L’histoire du chat perdu, le père Lustucru qui lui file, contre une récompense, un baiser et au final le vilain a vendu (ou pendu suivant les versions) l’animal.
Donc, la mère Michel, elle doit donner une « récompense » pour retrouver son minou. Donc chers parents, apprenez à vos filles à être gentille avec les messieurs dans la rue !
« C’est la mère Michel qui a perdu son chat
Qui crie par la fenêtre qui le lui rendra
C’est le père Lustucru qui lui a répondu :
« Allez, la mère Michel votre chat n’est pas perdu. »
Sur l’air du tra la la la
Sur l’air du tra la la la
Sur l’air du tradé-ri-dé-ra tra-la-la !
C’est la mère Michel qui lui a demandé :
« Mon chat n’est pas perdu vous l’avez donc trouvé ? »
C’est le père Lustucru qui lui a répondu :
« Donnez une récompense il vous sera rendu. »
Sur l’air du tra la la la
Sur l’air du tra la la la
Sur l’air du trade-ri-dé-ra tra-la-la !
Alors la mère Michel lui dit : « C’est décidé,
Si vous rendez mon chat vous aurez un baiser. »
Mais le père Lustucru qui n’en a pas voulu
Lui dit : « Contre un lapin votre chat sera vendu ! »
Nous n’irons plus au bois
La gentille comptine, « Nous n’irons plus au bois », fait référence à la suppression des maisons de passes bien avant l’arrivée des filles de joie du bois de Boulogne.
« Nous n’irons plus au bois,
Les lauriers sont coupés,
La belle que voilà
Ira les ramasser.
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse,
Sautez, dansez,
Embrassez qui vous voudrez… »
Les maisons closes étaient, à l ‘époque, faites de planches de bois, dont les portes étaient ornées d’une branche de laurier.
En germain, le mot planche se disait « bord » qui est devenu en ancien français « borde » qui au XIIe siècle signifiait « baraque » et qui est devenu « bordel ».
Saint louis ne supportant pas la débauche de son quartier à fait interdire les bordels (avec un Edit datant de 1254), coupant ainsi les lauriers et interdisant aux demoiselles, de danser, sauter et embrasser.
On fait difficilement plus explicite…
Au clair de ta lune
Une pleine lune, un moine et une fille facile.
Voici une comptine des plus paillardes, « Au clair de la lune ».
Si l’on cherche le double sens aux phrases, celle-ci en ai remplie.
« Au clair de la lune, mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume, pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu.
Ouvre-moi ta porte, pour l’amour de Dieu.
Au clair de la lune, Pierrot répondit :
— Je n’ai pas de plume, je suis dans mon lit.
Va chez la voisine, je crois qu’elle y est
Car dans sa cuisine, on bat le briquet.
Au clair de la lune, l’aimable lubin
Frappe chez la brune, elle répond soudain :
— Qui frappe de la sorte ?
il dit à son tour :
— Ouvrez votre porte pour le Dieu d’Amour.
Au clair de la lune, on n’y voit qu’un peu
On chercha la plume, on chercha du feu
En cherchant d’la sorte je n’sais c’qu’on trouva
Mais je sais qu’la porte sur eux se ferma… »
La plume est dans le texte original une « lume » du mot lumen, la lumière. Parce qu’une plume pour s’illuminer, l’aurait pu trouver plus simple le lubin !
Lubin qui était un moine dépravé d’après une ballade de Clément Marot (XVIe siècle).
Donc, le moine perverti après avoir certainement bu le vin de messe, veut écrire des psaumes lubriques mais n’a plus de chandelle et comme il ne possède pas des yeux infrarouges, il file voir son poto Pierrot qui lui propose d’aller voir la voisine dévergondée qui bat le briquet ( = faire l’amour au XVIIIe siècle).
Elle lui ouvre (pour le lui faire l’Amour Dieu d’Amour) sa porte afin de lui rallumer la chandelle.
Les deux coquins finissent par s’enfermer sans qu’on sache ce qu’ils mijotent.
Savez-vous planter les choux ?
Encore une comptine à double sens si on décortique bien !
« Savez-vous planter les choux ?
A la mode, à la mode,
Savez-vous planter les choux ?
A la mode de chez nous.
On les plante avec le doigt, le pied, la main, le genou, le coude, le nez, la tête, … »
Bah quoi c’est important les préliminaires, on n’est pas des bêtes !
Désolée d’avoir ruiner vos souvenirs d’enfance mais sachez qu’il y a encore des tas de comptines à double sens (toutes??) mais je vous laisse le plaisir de les décortiquer par vous-même.